Alice C.

Éditions Lapin

12,00
Conseillé par
3 novembre 2019

Note de l'autrice

Après plusieurs années d'enseignement en classes de CM, j'avais envie d'écrire une histoire sur le harcèlement scolaire. J'ai cherché un angle d'entrée loin du raisonnement "il est différent donc on se moque de lui mais c'est pas bien". Mon héros n'est pas la victime mais un petit garçon tout-puissant. Pour ne pas lui donner la place de vedette qu'il souhaite, on ne connait pas son prénom. Et c'est Oscar, son cartable, le narrateur du livre.

Oscar n'a pas d'empathie. Et comme il ne "voit" que là où on le pose, son point de vue est partial et limité.
Pour comprendre l'histoire, le jeune lecteur doit la décentrer. Quels sont les acteurs ? Leurs sentiments ? Quelles sont leurs actions ? Oscar ne comprend vraiment rien !

Cet album est écrit par Alice Chaa, illustré par Timothy Hannem et publié aux édition lapin. Il est accessible dès le cycle 2 mais doit être accompagné par un adulte.

Il y a plusieurs difficultés de compréhension, même si le texte est simple et relativement court : identifier le narrateur, reconstituer une chronologie sur plusieurs jours avec un retour en arrière, et deviner l'implicite.
Bonne lecture !

Éditions Lapin

Conseillé par
3 novembre 2019

Mot de l'autrice

"La bonne bouillie", c'est un album lanceur de discussion autour du confort et des libertés individuelles, pour les 9-12 ans.

Comme dans « le loup et le chien », une vraie poule vit un dilemme de poule, puis une morale transforme cette histoire en allégorie et interroge brutalement notre positionnement en tant qu’humain et société.

Dès la couverture, on sait que dans "la bonne bouillie", il est question de liberté, ou de son absence. L’œil de la poule est « nature » (on sent au lointain le Tyrannosaure ancestral).
Elle n‘a qu’une idée en tête : sortir. Bon, si on regarde de plus près son anatomie, l’autre œil regarde exactement à l’opposé…

La poule enfermée rêve de sortir. Elle a une vision très binaire de sa réalité : son quotidien extérieur, très contrasté et aux couleurs saturées VS le doux rêve abstrait qu’elle entretient. On peut interroger son horizon : le soleil est tantôt la lumière d’une maison, de l’autre côté du grillage, tantôt la bouillie aveuglante. La nature attirante se résume au nom de la fermière et son tablier fleuri.

Cocotte se croit différente des autres poules. Mais ne nous voilons pas la face : elle a un nom nul, des préoccupations de poule, et deux yeux qui ne voient pas la même chose. En plus, on ne la distingue pas vraiment des autres… Va-t-elle partir vivre ses rêves ?

La structure en 3 volets conduit le lecteur vers une chute optimiste, qui n’arrive pas. La morale pourrait être une affirmation : « sommes-nous des poules ? » et la réponse pourrait être « oui », parce que notre confort est attirant. Pour des enfants plus jeunes, on pourrait même chercher les bonnes bouillies : son doudou, ses parents, sa chambre… (Et le livre aurait de belles couleurs pastel.)

Sauf que l’album se veut plus brutal, en lien avec les urgences de notre société. Personnellement, comment participe-t-on à l’aventure écologique de notre siècle ? A quels renoncements sommes-nous capables pour le bien collectif ? L’allégorie ne se cantonne pas aux choix alimentaires. L’aventure en question n’est pas non plus destinée aux seuls enfants.

L’histoire en elle-même est très facile à lire et à comprendre. La structure interpelle. Enfin, la conclusion plus abrupte se rapproche des anciens contes éducatifs et fables, qui ne finissent pas toujours bien et demande une réflexion, peut-être titillée par un adulte (enseignant ou non).

Dans la vraie vie, Cocotte s’appelle T-rex. Le portail existe bien mais TT sait voler par-dessus. De l’autre côté, il n’y a pas la liberté, mais la pâté et les croquettes du chat, ce qui est bien mieux. La poule de l’histoire a bien existé. Elle vivait avec plein d’autres dans un poulailler très petit, ce qui doit bousiller le peu de cerveau des bestioles.