Les cartes du monde

Les Cartes du monde, c'est l'inverse du destin… En 2006, la police anglaise découvre 58 corps ensevelis dans la vase d'une plage de Portsmouth. Il s'agit de clandestins morts accidentellement durant leur transport, sept ans plus tôt. C'est sur la base de ce simple incident que Simon Ings évoque, dans ce stupéfiant roman, les histoires de ceux qui y sont, de près ou de loin, impliqués. On découvre ainsi une douzaine de personnages adroitement dépeints, parmi lesquels Stacey Chavez, actrice de feuilletons mélo devenue anorexique, avide de célébrité et d'amour ; Anthony Burden, génie mathématique inadapté, qui suivra une thérapie par élétrochoc, épousera la cause juive et ira vivre en kibboutz ; Saul Cogan, farceur londonien des années soixante devenu professeur au Mozambique puis convoyeurs de clandestins… Tous trois ont un dénominateur commun en la personne de Nick Jinks, homme violent qui fuit son passé et sa folie à travers le monde, y semant l'horreur et la mort. Ainsi donc se déploie une histoire d'une audace narrative éclatante, qui nous fait voyager dans l'espace et le temps, à travers continents et générations, et repose moins sur les principes habituels de la fiction que sur une réinvention du passé, qui se dessine peu à peu telle une vaste toile scintillante. S'y répondent des événements apparemment disparates – l'histoire de la thérapie électroconvulsive, le blitz, la révolution communiste de Cuba, la naissance du catch à la télévision, l'indépendance du mozambique – mais qui révèlent une conception clairvoyante de la géopolitique de ces 70 dernière années ainsi qu'un brillant talent de conteur.