Close-up

Michel Quint

Branche

  • 27 mars 2012

    La quatrième de couverture, un outil indispensable pour appâter le lecteur. Dommage, en revanche, quand elle révèle toute l'histoire d'un roman ! En effet, les neuf petites lignes résumant le polar "Close-up" de Michel Quint sabordent quelque peu l'attente que l'on peut avoir autour du livre. Neuf lignes et tout est dit... Bien évidemment, l'histoire est étoffée au fil des pages : on découvre les personnages, bons et méchants, leur relation, l'ambiance lilloise, les malversations, le "complot"... Partir d'un numéro humoristique de voyance, une idée plutôt intéressante et sortie des sentiers battus, mais l'intrigue n'en demeure pas moins plutôt confuse... Un polar sans suspense, pas vraiment palpitant.


  • Conseillé par
    20 décembre 2011

    Avertissement : ne lisez surtout pas la 4ème de couverture qui en dit trop !

    Au Quolibet, cabaret à Lille, gags, imitations et effeuillage font l’affiche. Dans ce lieu à part, Miranda manie les cartes où la voyance s'invite avec humour. Bruno directeur d’une société qui brasse des grosses sommes dans l’immobilier est bluffé par la dextérité de Miranda. Pourtant les cartes lui prédisent la mort sous peu…

    Je vais à l’aventure avec les livres et à mon habitude, je n’avais pas lu la 4ème de couverture donc la surprise a été de taille pour moi ! Donc, un simple conseil, ne retournez pas ce livre avant de l’ouvrir. Le plaisir de découvrir toute l’histoire en sera d’autant plus grand ! Est-ce que les cartes peuvent prédire l’avenir ? On pourrait penser que oui car quelqu’un tente d’assassiner Bruno quelques jours après sa soirée au Quolibet. Et Bruno pense que Miranda peut le protéger. Cet homme, riche et cultivé, soupçonne même sa belle-famille avec laquelle il est impliqué dans une affaire louche où l'argent se compte en millions.Selon lui, Miranda possède un atout non négligeable. Celui d’interpréter les cartes.

    Michel Quint nous offre une histoire avec une vraie intrigue. Et je n’ai pas vu venir le fin mot de l'histoire ! Bien au contraire j’ai été très agréablement surprise. Mais surtout, il y a ce style unique ! Cette écriture qui accroche l’œil et l’esprit, qui se déguste et fond sous la langue ! Un mélange atypique d’expressions, de formulations, des dialogues savoureux … bref, un vrai régal ! Une écriture qui ressemble au tandem formé par Bruno et Miranda.

    Une très belle découverte car je n’avais jamais lu cet auteur et un vrai plaisir de lecture ! Oui !


  • Conseillé par
    11 novembre 2011

    Succombez à la magie des mots, mais oubliez l'intrigue

    Critique
    Si vous espérez d’autres développements, passez votre chemin, car toute l’histoire tient dans le quatrième de couverture. Et encore ! Le résumé de l’éditeur est nettement plus palpitant que le roman lui-même. Un polar sans suspense, à l’intrigue très improbable, un peu confuse et en tous cas mal ficelée.
    Et pourtant, on se trouvera bien à lire ce livre. L’ambiance de ce cabaret miteux lillois est très bien rendue, on s’y croit tout de suite. Mais la quintessence de ce petit bouquin tient dans la plume de Michel Quint, qui aligne les mots comme pas un. Je dis qu’il aligne, car son écriture est loin d’être aisée à suivre : les paragraphes sont rares, les phrases interminables et les ponctuations ne font que de timides apparitions à l’exception de la virgule. On se laisse prendre dans le dédale de phrases, éprouvant du plaisir à mâcher ces mots. Peu importe après tout que la trame ne retienne que peu l’attention. Une curiosité littéraire, en somme.

    Extrait
    Elle suit Nelly au hasard de ses soifs, de ses envies de grignotis, elle demande l’impression quand on est nue devant des gens, est-ce qu’on a honte, est-ce qu’on est fière de faire de l’effet… ? Nelly raconte, elle regarde les yeux du dadais pas si niais qu’il en a l’air, elle ne ment pas, elle dit les rebuffades, la réputation de fille facile, de pute, les plaisirs simples du public qui applaudit, lui dit qu’elle est belle, et puis les nécessités financières, comment on en arrive à vivre à l’envers, la nuit, à faire l’effort pour conserver l’estime de soi, écrire « artiste de variétés » sur sa carte d’identité, pas danseuse nue, que l’amour d’un homme est une illusion tant qu’elle exercera mais que le métier ne dure pas toujours.


  • Conseillé par
    17 octobre 2011

    Les éditions La branche lancent la collection Vendredi 13, et excusez du peu, mais ont déjà publié Michel Quint donc, J-B Pouy et Pierre Bordage ! Et sont prévus Olivier Maulin, Jean-Marie Laclavetine Patrick Chamoiseau et Alain Mabanckou, entre autres. Très alléchant !

    Pour Close-up, ce qui m'a emballé tout de suite, c'est le style, la langue de Michel Quint. Je me suis régalé de ses phrases qui alternent le plus beau français, avec des expressions latines (c'est le dada, le TOC même, de Bruno) et les mots de patois lillois ou d'argot. Et ses phrases, très ponctuées, triturées, déstructurées. Quel plaisir de lecture avant tout ! Un exemple ?

    Allez, je suis bon :

    "Ce soir, pas long après la Toussaint, quand les larmes écloses au bord des tombes n'ont pas encore séché aux joues mais que le parfum des fêtes allume déjà l'oeil, marché de Noël, grande roue sur la place de la Déesse et tout le tralala, elle glisse de son tabouret, et tend le bras, paume ouverte, pour accueillir cinq hommes et une jeune femme blonde qui entrent en secouant la brume de leurs épaules." (p.9/10)

    J'en ai plein d'autres que j'ai notés et notamment les descriptions des personnages qui sont absolument formidables. Lorsque Bruno fait les présentations de sa belle-famille à Miranda, lors de la soirée où elle lance sa prédiction, on a presque l'impression d'être à l'hippodrome ou à une parade hippique, avec belles dames et beaux messieurs :

    "Elle s'arrête au passage dire deux mots à un vieux monsieur, tout blanc de poil, une tête de percheron sournois, les dents aussi et la carrure, les paluches comme des pâturons. [...] Miranda passe ainsi en revue, Henri Vailland, frère aîné d'Eléonore, autre cheval, plus grand que son père, les attaches plus fines, mais la gueule, la gueule, il est carnassier ce bourrin-là, et pas à son aise, mou de partout, sauf du ratelier... [...] Jeanne aussi, la cadette, moins jument, quand même de la race, costaud, en robe longue, vraisemblablement d'un jeune créateur audacieux du froufrou et belge, belge comme son mari, Charles Dierickx, "dans les affaires", exactement du négoce par ci par là, un peu de tout, un maigrelet qui respire peu pour bomber le torse, une tête de jockey de trot, avec écrit margoulin partout sur lui, même dans l'accent à la Brel qu'il n'a pas." (p.43/44/45)

    Vous l'avez compris je me suis régalé de l'écriture de Michel Quint. Maintenant, qu'en est-il de l'histoire ? Eh, bien assez nébuleuse et rebondissante pour qu'on s'y intéresse aussi. L'auteur maîtrise bien ses effets et nous les distille à petites doses, pour nous garder vigilants. Je pourrais dire que la relation entre Miranda et Bruno est assez prévisible -mais pas désagréable-, mais c'est vraiment le seul reproche que je pourrais faire à Michel Quint.

    Le seul ? Pas sûr, lisez plutôt cela :

    "Elle sait que sa voix a grimpé dans les aigus, qu'elle fait ado hystérique à un concert de Frédéric François..." (p.114)

    Qui pourra croire que Frédéric François s'attire encore des cris d'adolescentes ? Et même des adolescentes dans ses concerts ? Et même simplement des concerts ? (Désolé, mes soeurs ! Ne lisez pas ceci, vous qui vous pâmâtes devant ce ... chanteur, pour mon grand malheur -et celui de mes frères-, nous qui fûmes obligés de l'entendre, parfois brailler depuis votre chambre, en duo ou trio avec vous-mêmes !)

    Las, M. Quint, je suis désolé de vous dire que vous n'êtes point crédible, vous eûtes été plus inspiré en écrivant : " Elle sait que sa voix a grimpé dans les aigus, qu'elle fait ado hystérique à un concert de Justin Bieber..."

    Mais que cela ne vous empêche pas -oh que nenni- de vous précipiter sur ce livre pour déguster, que dis-je pour vous empiffrer, de la belle langue oncteuse, pulpeuse, généreuse et plein d'autres adjectifs en "euse" de Michel Quint !