Si tu avances

Cathy Ytak

Nathan

  • Conseillé par (Libraire)
    13 mars 2021

    Chaque récit de Cathy Ytak est d'une puissance émotionnelle rare et "Si tu avances" en est encore la preuve.

    Quelque soit le texte, la forme narrative, la thématique, les livres de Cathy Ytak sont toujours justes, sensibles et délicats. Elle a cette écriture bien à elle qui vous immerge en quelques pages dans ses personnages profondément humains avec leurs failles et leurs espoirs.
    Chaque récit de Cathy Ytak est d'une puissance émotionnelle rare et "Si tu avances" en est encore la preuve.


  • 14 mars 2021

    C' est ma première lecture de cette nouvelle collection Nathan lire en live. L'idée c'est de proposer via une application la lecture oralisée du texte et son support numérique. J'ai vu une belle association d'auteurs mais c'est celui de Cathy Ytak que j'ai emporté, tout simplement parce que j'aime sa façon d'écrire. Avant de lire la quatrième de couverture, j'ai toujours cette crainte de moins aimer une nouvelle publication mais l'autrice se renouvelle à chaque fois. Le trait commun dans chaque texte c'est la part belle consacrée à un métier de l'artisanat. Si tu avances raconte l'été de Katja sur un chantier de construction. La pierre sèche des bories dans le sud de la France. Ce n'est pas la passion de l'architecture qui la pousse à quitter les vacances ordinaires d'une lycéenne de seize ans. C'est Quentin, le fils d'un ouvrier de son père. Elle a senti l'élan vers cet été qu'elle s'est imaginée. Elle court vers l'histoire qu'elle se crée dans la tête. C'est sa volonté d'exister enfin dans les yeux d'un autre qu'elle assouvit, parce que ses parents divorcés n'ont pas trop su. C'est l'enfant intérieur un peu oublié qui va vivre cet été, pour une fois qu'elle fait preuve d'assurance, on ne peut la blâmer. La vie en communauté sur le chantier, elle s'en fiche un peu à l'arrivée. Ce que Katja veut c'est être à côté de Quentin à table, c'est assurer dans sa tâche à porter des pierres même si elle ne possède ni la technique ni la force. A bout, elle craque et avoue les raisons de sa présence. Malheureusement, Quentin ne vit pas dans ses fantasmes. Alors face à la déception et au sentiment d'abandon, on peut tout lâcher, on peut s'abandonner soi-même, se faire mal. On n'est peu fier.e mais on enfouit sa blessure, cet irrémédiable secret qui pèse au coeur de l'été. S'accorder la faiblesse d'un instant. Pétrie de douleurs, on peut faiblir ou avancer. La rage " viscérale, invincible, essentielle" sera déterminante. A qui sait attendre le temps ouvre ses portes. Le temps offre une couverture pour ensevelir la honte, il offre un tabernacle à l'angoisse et un pansement au chagrin d'abandon. Katja est amoureuse d'une illusion mais le coeur est une grande poche qui sait se faire corbeille*.
    C'est un bon texte, lumineux, dépourvu de happy end, comme la vie. Elle gagnera Katja car elle s'intégrera à un groupe pour lequel elle a toute leur considération. Inutile de s'expliquer à Quentin, c'est du temps perdu. Si tu avances, tu te blesses, tu tombes, tu perds mais tu peux toujours te relever. Katja se réveille d'un leurre, c'est douloureux, brutal mais sous les mots de Cathy Ytak c'est fort maîtrisé et très beau.
    Le coeur de Katja n'est pas une pierre, sa vie n'est pas rectiligne. On ne peut pas toujours être la maître d'oeuvres du chantier des aléas de la vie. Mais bâtir, démolir, construire avec confiance en soi et l'écoute des autres c'est possible. Katja n'est pas la névrosée amoureuse éperdue, elle voit juste les autres de manière idéalisée. Ce texte est une autre réalité qui gravite autour de nos propres histoires et qui les éclaire.
    Merci pour la littérature de jeunesse Cathy Ytak.
    * c'est le credo de Modesta dans L'Art de la joie de Goliarda Sapienza.