L'âge des possibles

Marie Chartres

École des Loisirs

  • Conseillé par (Libraire)
    11 septembre 2020

    délicatesse et poésie

    Un roman sur les possibles et les limites en nous qu'on ignorait. Avec des personnages, pas si secondaires que ça, qui ont tous un autre regard à apporter, des préjugés à bousculer, des réalités à cacher.


  • Conseillé par (Libraire)
    11 novembre 2020

    Rachel et Saul, deux Amish en Rumspringa, et Temple, une jeune fille timide et introvertie, se rencontrent dans une station fantôme à Chicago.
    Ensemble, au gré des rencontres, ils vont se confronter au monde, apprendre à décider par eux-mêmes, s'affirmer ...
    Un vrai récit initiatique.... et aussi un vrai coup de cœur !
    Dès 12 ans.


  • 26 août 2020

    « Le rumspringa. Rejoindre le monde des empressés et se décider. Bouger, remuer, se sauver pour mieux revenir et s’intégrer.
    Ne rien regretter.
    Sortir de la communauté des amish et découvrir le monde moderne. Être certain de vouloir y revenir et n’avoir aucun regret. »
    Marie Chartres propose un roman polyphonique où trois voix adolescentes sont au seuil de l’émerveillement. Trois adolescents Temple, la casanière, Rachel et Saul jeunes anabaptistes, englués dans leurs habitudes vont tour à tour évoquer leurs rencontres dans la grande ville de Chicago , lieu de leur émancipation.
    « [Leurs] yeux vont vers l’avant mais ils ne savent pas où regarder ni quoi fixer. »
    Alors chacun se raconte. On boit un deuxième café car cette boisson « C’est le signe annonciateur d’une journée qui démarre : c’est la prière du matin, c’est le petit frère que je réveille, c’est la petite soeur que je dois préparer. J’ai l’habitude de me lever bien avant l’aube. La maison est glacée. Je vois mon châle sur le rebord de la chaise. C’est un symbole, il sera le confort et la chaleur sur mes épaules, ce sera la présence de Dieu autour de moi. »
    C’est difficile de quitter la permanence des choses, le confort d’un foyer, les mères qui sont des lieux à abriter, des pères qui imposent aux garçons de ne pas pleurer. Jusqu’alors, la vie est précise, mesurée, calculée, prévue, écrite. Pourquoi tout bousculer ?
    L’autrice montre la difficulté à s’affranchir d’une éducation sans tomber dans l’écueil du jugement. Différentes rencontres arrivent dans la narration et montrent habilement les limites de l’unicité. Un seul milieu, un seul amour, un seul Dieu, un seul mode d’éducation. Les dialogues avec les autres permettent aux trois jeunes de mesurer à quel point on muselle leurs désirs. Ils acceptent tous les trois, à des degrés divers, de se métisser avec les autres et de se perdre. On salue le mal sans se fourvoyer dedans. La manière de se confronter aux autres est très belle et permet le surgissement de l’intensité de la liberté. Tout ce qui se passe devant eux est à prendre. Ils saisissent l’occasion de chaque rencontre comme une irruption de leur temps linéaire avec des hommes et des femmes hauts en couleurs, dans des métros, dans des cafés et dans les musées. J’ai souligné la beauté de l’éveil culturel, l’ouverture de l’esprit critique et le droit à l’erreur. Ils deviennent fils et filles de l’étonnement. La progression du texte permet la prise de conscience que l’altérité n’est pas source de danger. La plus grande difficulté c’est de cohabiter avec ses propres désirs. Il est question de choix et de renoncement mais c’est le cheminement vers cette liberté qui l’emporte car elle s’apprend. C’est l’âge des possibles, celui qui donne pouvoir sur nos vies grâce aux éblouissements, aux rêves parce que la vie ce n’est pas une bobine de fil qui se déroule tranquillement du début jusqu’à la fin. La vie c’est un joli noeud. Une grenade pour l’amour.
    Sous les mots poétiques de Marie Chartres, une fraise tagada permet d’ entrer en communion avec le sucre rouge, sentir le goût de modernité et de révolte dans la bouche.
    « Tu sais que la vie est moche, tellement moche quand elle te vieillit en pleine jeunesse. » c’est une phrase à recopier, à afficher au front de tous les mangeurs d’âme et de liberté.
    Je vais terminer avec les mots de Rachel parce que ce roman est tellement maîtrisé, riche de sens qu’il faut simplement le lire et laisser le livre être le livre.
    « On peut entrer dans la vie à tout moment, naître et renaître plusieurs fois. Les métamorphoses sont à portée de notre main et de notre cœur. Il suffit de rencontrer les bonnes personnes ou de voir les choses belles ou incompréhensibles qui nous élèvent. »
    L’Âge des possibles, Marie Chartres, École des loisirs , août 2020.